briceka

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voyage au Maroc 4

Les toilette publiques, autrement plus propres et fréquentables de la mosquée Moulay Youssef au quartier des Habous .toilettes mosquee.jpg

Le dernier lieu que je voulais voir était le marché de Bab Marrakech dans le centre ville. C'est l'ancienne médina ou j'avais l'habitude de faire mon marché tous les dimanches et qui avait la réputation de fraîcheur pour ses légumes et pour ses prix abordables.

Nous avons tenu, aussi à faire un tour sur la corniche. Là aussi aucune ressemblance avec le passé. Là ou se déversaient les égouts a été gagné par le remblai gagnant ainsi des dizaines de mètres vers l'océan pour rapprocher la route du rivage. Là aussi des chantiers de construction sans discontinuer : marina, chantier naval, résidences... La corniche elle-même semblait partir à l'infini pour rejoindre le mausolée de Sidi Abderrahmane totalement métamorphosé avec en face une immense construction : le grand mall. Un centre commercial gigantesque digne des plus grands d'Europe. Nous avons voulu y faire un tour et avons été sidérés d'y trouver tout ce qu'un centre commercial européen digne de ce nom pouvait abriter en matière de marque, de luxe et de divertissement. De quoi occuper tout une journée pour pouvoir tout visiter.  

Notre voyage se serait terminé sur cette note positive si la suite ne m'avait pas réservée des désagréments dont je me serais passés.

Après  Casablanca et sa circulation infernale, nous avons repris la route du retour vers l'Europe, avant d'arriver à Asilah j'ai pris le soin, profitant d'un arrêt sur une aire de repos de l'autoroute, de vérifier mon billet de bateau de retour. L'aire de repos abritait des baraques aménagées en bureau d'agence de voyage. Chaque agence représentait une compagnie maritime et accueillait un bureau avec la connexion informatique nécessaire. Ces aménagements sont destinés aux MRE. Je me suis donc adressé à l'enseigne de la compagnie INTERSHIPPING qui m'avait transporté à l'aller. Mais là, la surprise et la déception étaient grandes : je n'avais tout simplement pas de billet de retour. Disons le crûment : j'ai été victime d'une arnaque ! Crédule et naïf, je n'avais pas pris la peine de vérifier ce que l'agent m'avais remis à Algéciras. Je n'avais donc plus d'autres solutions que de repayer. Mais, l'expérience de l'aller aidant, pas question de reprendre la même compagnie et le même bateau-poubelle. J'ai opté donc pour BALEARIAS. Et ça tombait bien c'est celle dont le bateau partait en premier à 9h00 du matin, du moins  ce qui était prévu. Le billet me coûta 130e (j'avais payé 165e à Algéciras, sensé être pour un aller et retour). L'agent de la VIAJES FLAVIO SL a profité de ma crédulité et de ma naïveté pour me voler. J'ai été crédule et naïf face à un compatriote. Je n'aurais pas du. Promis je ferai plus attention la prochaine fois.

Tout au long du chemin du retour nous avons pu voir depuis l'autoroute l'avancement des travaux de construction de la future ligne de train à grande vitesse qui reliera bientôt Tanger à Rabat, puis Casablanca...etc. Nous avons ainsi, pu voir la réalisation de plusieurs ouvrages d'art en cours d'achèvement.

Je voulais m'arrêter, de nouveau à Asilah que j'avais appréciée treize années auparavant et ou nous nous sommes arrêtés la première nuit de notre arrivée. J'aurais du m'abstenir. Je n'ai pas retrouvé la petite ville qui a souvent bercé mes rêves. Le tourisme a corrompu cette petite ville si paisible qui a été rattrapée par l'appât du gain à tout prix. On ne peut plus arrêter sa voiture sans être harcelé par des opportunistes qui se déclarent "gardien" de parking. A la recherche d'un hôtel pour la nuit je suis tombé sur de véritables taudis ne méritant pas d'arborer l'enseigne pour attirer le touriste. Ou alors, certains hôtels, comme le Mansour affichant ostentatoirement le service "WIFI" sur la porte mais, une fois installés vous apprenez que le service dépend du restaurant à côté qui était fermé parce que le gérant est en voyage à Tanger. Qu'une fois celui-ci revenu il fallait payer 20 dh pour obtenir la clé d'activation de la connexion. Ou encore cet autre hôtel qui propose des chambres aménagées dans quelque chose qui devait servir de débarras avec pour fenêtres des meurtrières laissant passer juste un peu de lumière, toilettes et douches sur le palier en entresol, le tout pour 200dh la nuit.

J'ai été très déçu par ce que Asilah est devenu. A formater !

Le lendemain matin devant être de bonheur au port nous avons pris la route vers 7h00. Sur l'autoroute j'ai voulu profiter pour faire le plein une dernière fois et me suis arrêté à l'aire de Meloussa ou il y a une station SHELL, apparemment convenable. Là aussi j'ai été déçu. Une fois le plein fait, comme je n'avais plus de dirhams, je ne pouvais pas payer avec ma carte bancaire. Ça ne fonctionnait pas. La solution proposée par le gérant c'était de traverser (!) l'autoroute pour aller quelques centaines de mettre plus loin, à pied, pour payer à une compagnie concurrente. Quelle aberration ! Du jamais vu ! Heureusement il n'y en avait que pour l'équivalent de 20e et nous avions gardé quelques euros pour le chemin du retour. J'étais sauvé. Cela n'a pas été le cas d'un chauffeur de camion étranger, chargé de marchandise à l'export qui en a eu selon le gérant pour six cents euros et pas un centime de liquide. Il a bien été obligé d'utiliser la seule solution possible : traverser l'autoroute ! Mais mon dernier souvenir du voyage au pays allait être encore plus terni par un autre désagrément. Profitant de l'arrêt nous avons voulu faire un tour au toilettes. C'est en principe le rôle principal des aires de repos. Nous avons été accueillis par l'horreur : les cuvettes des WC étaient pleines de matières fécales et le lieu nauséabond. Les utilisateurs des lieux, ne pouvant se retenir ont du se soulager debout. Je n'ai pas pu me retenir d'exprimer mon mécontentement au gérant. Ce dernier, pour toute explication, m'a répondu qu'il n'y pouvait rien car la station manquait d'eau  à cause d'une rupture et il n'y avait aucune réserve de secours. C'était scandaleux car les usagers pris d'une envie pressante et ne pouvant se retenir ne trouvaient pas d'autres solutions. Même les lieux d'ablutions pour les fidèles étaient dans le même état. Je vous laisse imaginer le spectacle. Sur la porte vitrée de la station il y avait une grande affiche invitant les clients à exprimer leur satisfaction suite au service en se connectant au site de la compagnie Shell. Mais je n'ai jamais réussi à m'y exprimer, l'option de laisser un message n'étant pas offerte. Ça aussi : à formater !

En route pour le port. Il faisait jour donc j'ai pu admirer le paysage, nouveau pour moi, ce que je n'ai pu faire à l'arrivée dix jours plus tôt puisqu'il faisait nuit. Arrivés à destination les formalités étaient rapides. Comme à l'aller il y avait très peu de monde et donc quasiment pas d'attente pour l'enregistrement. A la douane, il y avait trois agents assis attendant le voyageur. A leur côté il y avait le "chien sniffeur" qui attendait lui aussi docilement. C'était un berger belge avec un minois sympathique qui, une fois le travail accompli, a attendu l'ordre de son maître pour retourner se reposer à sa place, apparemment ennuyé. C'était la première fois que j'assistais au "travail" d'un chien renifleur et je n'ai pu me retenir, en saluant les douaniers, avant de partir, d'adresser mes félicitations au chien par un "tbark lah 'lik a l'kelb", ce qui a fait sourire l'assistance.

Les formalités terminées nous avons, toutefois attendu longtemps avant de pouvoir embarquer. Nous avons assisté, ainsi, aux mêmes manèges qu'à l'aller : embarquement des remorques en premier. Le ferry est magnifique, propres et bien entretenu. Le départ était prévu pour 10h00 il n'a eu lieu qu'à 12h00. Il était 14h30 quand nous sommes arrivés à Algéciras (+ une heure de décalage avec l'Espagne). Après un long trajet à l'intérieur du port nous avons abouti au dernier point de contrôle pour entrer dans l'espace européen. A ce dernier point ou j'étais arrivé le premier des voyageurs j'ai présenté nos passeports qui ont été scannés. Tout était en règle. Le policier, seul, a voulu visiter l'intérieur de la voiture. A l'arrière entre les sièges j'avais ma glacière et une plante en pot. Mais le regard du "flic" n'a été attiré que par le bout  décoré en flammes marron d'un bâton de pèlerin, comme ceux utilisés effectivement par les pèlerins sur le chemin de Compostelle qui passent souvent dans ma région du Sud-ouest en France. Il tira sur ce bout muni d'une lanière en cuir et sortit le bâton. Il se tourna vers moi et me dit approximativement "es prohibido" puis mit le bâton contre la guérite. Je crus qu'il plaisantait. Alors sur le même ton je lui répondit que je n'y pouvais d'être âgé, que j'avais besoin d'un "troisième pied" pour marcher et je fis le geste de récupérer mon bien. Le "flic" changea alors de ton et sans me regarder me rappela qu'il était policier, que ceci était une arme qui peut tuer, que si j'insistais il m'infligeait une amende de 300 euros. J'étais abasourdi. L'agent était sérieux et ça risquait de me coûter la journée pour un bâton qui ne valait pas 10 euros mais dont la valeur était surtout sentimentale parce que c'était un cadeau pour mes 70 ans de mon fils qui l'avait acheté au retour d'une randonnée dans les Pyrénées. Je n'ai eu, donc, d'autre choix que de remettre le bâton convoité contre la guérite et pris les passeports que l'agent me tendait. Visiblement il était content car il venait d'hériter d'un joli bâton qu'il estimait mieux chez lui que dans ma voiture. La manivelle de mon cric était certainement une arme plus dangereuse que ce bâton de pèlerin décoré qui lui faisait envie. Je me suis, alors,  souvenu de la mésaventure vécue par un ami marchand ambulant dans le sud ouest de la France qui, lors de son retour d'un voyage au Maroc, s'est fait confisquer sans constat ni pièces justificatives dix bidons d'huile d'olives (50 l) et quatre cageots d'oranges. Mon ami a du poursuivre sa route la mort dans l'âme abandonnant la marchandise gratuitement à un flic espagnol qui avait toute l'autorité pour la confisquer à son propre profit. Je me suis dit que c'est peut-être le même flic... L'Homme avec une petite autorité a le même comportement partout dans le monde.

Ainsi s'achève mon récit sur un voyage qui n'a peut-être rien d'extraordinaire si ce n'est qu'il m'a permis de revoir un pays dont les images s'effaçaient de plus en plus à mesure que j'avançais dans l'âge.

 


22/12/2014
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voyage au maroc 3

Après trois jours en famille nous avons pris la route du sud. J'avais envie de revoir au moins Essaouira faute de pouvoir pousser jusqu'à Agadir. Pour cela j'ai pris l'autoroute d'El Jadida (nouvelle pour moi). Je ne me suis pas arrêté dans la belle cité balnéaire parce que je la connaissais bien et je voulais faire à l'économie. Je pris donc la direction de Safi en longeant l'océan. Route calme dont l'animation diffère des autres voies. Mais aux abords de la ville de Safi j'ai été totalement sidéré par le changement de comportement des usagers. On aurait dit la course au trésor.

anarchie 1.jpg

Le code de la route était devenu une notion totalement inconnue. Les taxis et les autocars chargés à bloc sont devenus de véritables dangers publics. C'est à qui doublera l'autre au mépris des  risques encourus pour les passagers. Les interdictions de doubler ne servaient à rien, au point que je n'ai pu me retenir de photographier l'anarchie qui me sidérait. Des dépassement sans visibilité,  des franchissements de lignes continues en haut d'une montée, des rabattements en "queue de poisson". Les citoyens se comportaient comme les éléments d'une meute. La notion de danger n'existait plus. Je compris alors pourquoi, avec cent fois moins de véhicules sur des routes pourtant parfaites, il y a au moins vingt fois plus de victimes de la circulation au Maroc qu'en France. L'éducation du citoyen au volant reste à faire. Ce dernier ne réalise pas qu'il met sa vie en danger ainsi que celle d'autres personnes pour gagner des fois juste quelques petites minutes. La multiplication des contrôles par les gendarmes n'y fait rien. Et je ne suis pas étonné par les bilans catastrophiques relevés à chaque accident. d'ailleurs, durant tout notre long périple de 5000km depuis la France nous n'avons vu qu'un seul accident, et cela s'est passé dans ce même coin : au Maroc.

Safi n'est plus la petite bourgade connue seulement pour ses poteries et ses usines de conserve de sardines. Elle a gagné en notoriété auprès des touristes nationaux et étranger. J'en garderai un très bon souvenir surtout de son "village de poisson" mentionné particulièrement sur le "Guide du Routard". La réputation de cette ville ne se dément pas et mérite d'être encore plus accentuée.

La destination finale sera la petite perle d'ESSAOUIRA. C'est la ville aux dimensions humaines dont la propreté est telle que le promeneur qui longe le bord de la plage est étonné de voir les bancs de poissons (apparemment des éperlans) que l'on peut observer parfaitement en contre-bas de la balustrade bordant la route, tant l'eau de l'océan qui vient buter doucement contre le mur est limpide. La présence de ces bans de poissons ne semble pas intéresser les centaines de mouettes flottant nonchalamment à quelques mètres de là. Un petit tour du côté du port et de la médina avec spectacle de musique et danse berbères complète le tout avec une sensation de vrai plaisir.ban d'éperlans Essaouira-plage.jpg

des bancs de poissons dans une eau limpide ; c'est l'Océan Atlantique à Essaouira

 

De retour à Casablanca il fallait consacrer au rite des achats de souvenirs. Ainsi nous avons pu revoir le souk de Derb Ghallef incontournable pour ceux qui cherchent aussi bien les produits de l'habillement que de la haute technologie. On y trouve des ordinateurs dernier cri comme des smartphone dernier modèle, tout cela à des prix défiant toute concurrence. Nous avons ensuite fait un tour au quartier des Habous inondé de touristes étrangers de toutes nationalités. Aux côtés des bazars il y a les produits cosmétiques les babouches etc... mais surtout le marché aux olives. Toutes sortes d'olives dans des préparations diverses qui vous mettent devant l'embarras du choix, des huiles de toutes qualités et de l'argan devenu incontournable que ce soit pour la consommation et le cosmétique. Tout cela dans un marché fermé par un portail monumental datant de plusieurs siècles. Les magasins offrant tous les mêmes produits sont alignés en rond autour d'une cour pavée à l'ancienne et sous la surveillance d'une nuée de chats choyés par les commerçants car utiles et amusant les nombreux touristes s'y bousculant.(à suivre)


17/12/2014
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voyage au maroc suite

...(suite)

Tout au long de la route j'ai eu droit à d'autres paysages que je ne retrouvais pas dans mes souvenirs. Des serres pour la culture de bananiers à perte de vue. Des champs de maïs encore verts et denses. Le pays est encore plus beau, plus agricole, plus vert. Les gens travaillent courageusement et, surtout, savent travailler. Je fus étonné par la proportion de femmes ouvrières qui me semblaient plus nombreuses que les hommes. Le cheptel visible dans les prés a également changé d'aspect. Ce n'est plus les bêtes faméliques d'antan. Les maisons d'habitation ont, elles aussi, évolué. A la place des baraques en tôles et en bois il y a des maisons en dur. Certes sans prétention mais potables. Un seul bémol, la clôture bordant l'autoroute est inutile et les passerelles qui l'enjambent ne doivent servir que pour les bêtes.

La route bordée de lauriers roses et de bougainvilliers est excellente et les conditions de circulation aussi. Bientôt nous traversâmes Kénitra, puis Rabat avec son chantier de construction du périphérique de contournement. Ensuite c'est une succession interminable de constructions, de nouvelle citées.  Pour quelqu'un qui n'a pas assisté à l'évolution progressive de la région, le changement est impressionnant. Je me suis rendu compte que j'arrivais dans les environs de Casablanca, seulement grâce aux panneaux indicateurs de l'autoroute et j'avoue que, là, je me suis senti totalement étranger, comme parachuté dans une région inconnue. Des constructions à perte de vue sans interruption. J'avais peur de rater un panneau. On n'était pas trop de deux pour surveiller la route. Après avoir vécu pendant plus de 40 ans à Casablanca et sillonné sa région pendant vingt ans en faisant mon métier, je ne reconnaissais plus rien. Là ou il y avait des champs ou des terrains vagues il y a des immeubles neufs. Nous étions encore loin de la ville que je connaissais mais déjà tout est urbanisé. De temps en temps j'arrivais à reconnaître  les restes d'un hameau rural qui a survécu à la conquête du béton. Ma destination finale chez mon cousin se trouvait au sud de cette ville tentaculaire. Heureusement l'autoroute continue. Mais déjà cette autoroute commence a être engloutie par les immeubles au point qu'elle devient une simple avenue alors qu'une deuxième autoroute parallèle vient de s'ouvrir à la circulation, depuis peu, menant à l'aéroport Mohamed V de Nouaceur. J'avais bien la possibilité de m'orienter avec le GPS mais le lotissement de villa, Florida à Sidi Maarouf  n'était pas encore répertorié. Alors pour éviter tout risque de me perdre mon cousin a préféré m'attendre à la sortie de l'autoroute rejoignant la direction de Nouaceur. Il en fut ainsi et je me senti soulagé.

Je ne vais pas m'étaler sur le sentiment de bonheur de retrouver ma famille qui nous a réservé un accueil extraordinaire. Il faut dire que treize ans ça agit énormément sur l'apparence physique d'une personne. Je sentis que cette apparence devait être particulièrement flagrante chez moi. Treize ans c'est beaucoup de rides, le crâne totalement dégarni et l'allure vieillissante. Mais l'apparence laissa vite la place à l'envie de tout savoir de la famille et du pays.  Le quartier Florida n'existait pas il y a treize ans. Maintenant il est déjà dépassé et le Tram qui le dessert et va loin au delà, le met à quelques minutes du centre .Le quartier résidentiel n'était pas dépourvu de zones immeubles d'activité. Les terrain à construire sont tous pris ou encore en chantier. Les artères ont toutes été prévues pour une circulation intense. Non loin, l'autoroute qui mène à l'aéroport et vers Marrakech et totalement saturée et nécessite la présence du service d'ordre. Cette multiplication de route et d'autoroutes m'aura, d'ailleurs, beaucoup impressionné. Le pays rattrape  de plus en plus son retard sur ce plan.

 

Les jours suivants j'ai essayé de renouer avec le centre ville qui, lui, n'a pas beaucoup changé, mais le problème  était d'y arriver en voiture comme j'avais l'habitude de le faire auparavant. Car on n'était pas loin de Bouskoura. Or, Bouskoura, dans les années 70, c'était la campagne lointaine. On y allait le week-end pour s’oxygéner avec les enfants.  A part quelques hameaux isolés il n'y avait que la forêt d'eucalyptus et le CHALET SUISSE, restaurant typique tenu par des suisses dans un cadre intime et magnifiquement aménagé qui a peut-être disparu. Maintenant, Bouskoura c'est une petite bourgade qui commence à faire des clins d’œil aux quartiers résidentiels de plus en plus recherchés par les casablancais. Le siège de l'OCP (Office Chérifien des Phosphates) qui se situait à l'époque aux confins de la ville juste à l'entrée de la route d'El Jadida, en rase campagne et qui se distinguait déjà par son architecture futuriste est, désormais, perdu au milieu de facultés et d'écoles de tout genre, car le quartier est devenu le quartier des grandes écoles totalement desservi par le Tram.

 moqri.jpg

 

 

Mon ex-rue dans le quartier Racine. A la place de ces immeubles il n'y avait que des petites villas de plain-pied et les faux poivrier faisaient de l'ombre sur les trottoirs.

J'avais prévu de profiter de ce déplacement pour essayer de régler  en premier lieu un problème de retraite CNSS. Je dispose de ma carte d'immatriculation datant de mars 1961. Pourtant j'ai du batailler dur pour faire valoir mes droits. Le numéro, semble-t-il, n'existait pas. Quand, enfin j'ai pu convaincre après plusieurs mails et copies de fiches de paie, la CNSS m'a fait savoir que j'avais une pension ridicule par trimestre . On avait retrouvé une partie de ma trace comme salarié. Mais Cette trace ne concerne que deux employeurs dont le premier qui m'avait immatriculé en 1961, et m'avait fait partir en stage de 14 mois en Allemagne ou j'ai bénéficié d'une bourse. Cette période n'a pas été prise en compte dans le calcul de mes trimestres travaillé. La personne chargée de mon dossier et que j'avais pu joindre au téléphone m'a fait comprendre avec beaucoup de condescendance que je devais me considérer satisfait de ma pension qui était une"grosse somme" (non mais allo ?...comme dirait l'autre). Je suis parti du Maroc en 1982 pour m'installer en région parisienne ou j'avais pour mission de développer une activité en rapport avec mon métier et les intérêts du Pays. J'ai quitté mon poste avec le statut de cadre supérieur et un salaire conséquent loin de la somme ridicule qui m'a été attribuée. De 1961 à 1982 j'avais travaillé plus que le nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite complète. Mais toutes mes affirmations étaient vaines et n'ont eu aucun écho. Après avoir retrouvé ma trace, pourtant, la caisse n'a pas trouvé celle de mes différents autres employeurs ayant encore pignon sur rue pour certain ou disparu pour d'autres. Je voulais donc régler ce problème de vive voix et suis parti avec tout mon dossier retraite sous le bras et essayer de comprendre comment ma pension ne représente que le dixième de mon salaire de 1982.

Comme j'avais retenu les coordonnées de la personne en charge de mon dossier j'ai pu réduire les démarches préalables. J'ai été surpris quand, à  l'entrée de l'immeuble, l’hôtesse d'accueil, avec beaucoup d'autorité, me confisqua, tout simplement, mon passeport en échange d'un jeton donnant accès aux étages (!). La jeune dame chargée de mon  dossier tenait à confirmer son statut de "décideur". Avec beaucoup de hauteur et même d'autorité (elle ne devait pas être née quand j'ai quitté le pays), après avoir "viré" de son poste la guichetière qui a obtempéré non sans réticence, elle coupa court à toutes mes réclamations en m'expliquant que le montant de ma retraite dépendait des déclarations de mon ancien employeur. Que la seule solution était de m'adresser à ce dernier. Que seul ce qui s'affiche sur son écran a une valeur. Que mes fiches de paie et les certificats n'avaient aucune valeur aux yeux de la caisse. Ce qui importait c'était ce qui figure dans les archives. Qu'il m'appartenait de m'adresser à la justice si je voulais défendre mes droits. Tout ce que j'avais appris sur le site de la CNSS devait être interprété. Point.

Heureusement que je n'ai pas eu à me battre avec la Caisse de retraite française... Je suis reparti bredouille et convaincu d'avoir en face une montagne infranchissable...Peu importe. Ça ne ma gâchera pas le voyage.


11/12/2014
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RETOUR AU MAROC APRES TREIZE ANS D'ABSENCE

Cette année, enfin, j'ai pu réaliser mon vœux : retourner au Maroc. Depuis que je l'ai quitté en 1982 c'est seulement la troisième fois que j'y suis retourné. La première  fois en 1986 avec mes trois enfants encore en bas âge. En raison de leur scolarité cela s'est fait en même temps que tout le monde, lors des vacances d'été. Ainsi j’avais pu vivre le rush de l'été et les souffrances des MRE regagnant le pays pour se ressourcer. A l'époque on les appelait les TME (travailleurs Marocain à l'étranger). Le voyage de France à Tanger ne durait pas moins de trois jours en non-stop. C'est là que j'ai connu les "parcs de stockage" aux environs d'Algésiras. des files d'attente qui duraient jusqu'à 3 jours durant lesquels des malades mouraient, des enfants naissaient parfois entourés de la seule solidarités des autres. Les reportages des médias devaient se limiter à ce qui était tolérable. Les TME, pourtant nombreux ne pensaient qu'au jour ou ils vont poser le pied et le front sur le sol natal.  Depuis, les choses ont bien évolué. Ce n'est plus le travailleur mais le marocain résident à l'étranger "MRE". L'Espagne est devenue plus humaine. Les immigrés qui la traversent "existent". Leur présence n'est plus regardée de travers. Il sont devenus des clients des autoroutes, des hôtels, des restaurants ou de simples commerces de souvenir. Ils sont aussi devenus des proies faciles pou les arnaqueurs de tout genre. 

Cette année, j'avais le choix. J'ai préféré faire le déplacement en octobre. J'étais sûr de ne pas me bousculer avec les compatriotes.

En démarrant du sud ouest de la France et en n'étant pas tenu de respecter un délai j'ai choisi de prendre mon temps et voulu éviter les péages. Mal m'en prit, car la traversée du Pays Basque espagnol fut un vrai calvaire.  J'ai ainsi mis une demi heure pour faire dix km. Je l'ai regretté. Le premier soir nous nous sommes arrêtés chez une amie dans sa résidence au bord d'un lac aux environs de Salamanca pour reprendre la route dès le lendemain de bonne heure avec l'espoir de rattraper le ferry Algéciras-Tanger dans l'après midi.  Malgré une pluie battante qui nous a accompagnés jusqu'à Séville nous sommes arrivés au Port vers 14 heures.

Cela faisait 13 ans que j'ai vu Algéciras pour la dernière fois. Je ne reconnaissais plus rien sauf les échoppes du pourtour du port qui abritent les agences de voyages intermédiaires. Par contre l'odeur des égouts qui enveloppe l'atmosphère de la ville est toujours la même. (C'est étonnant que ce problème de relents désagréables n'ait pas pu être résolu depuis le temps.  Je me souviens que le caniveau passait au milieu de certaines rues aux abords du port. Je ne sais pas si c'est toujours le cas, je n'ai pas pris le temps de vérifier.)

En priorité je devais d'abord prendre mon billet de traversée avant d'espérer accéder au port. Ma première tâche fut donc de partir à la recherche d'un billet. Un rabatteur, comme il y en a plein, m'a repéré et m'a proposé de me guider pour trouver le billet le moins cher. Je l'ai suivi et il m'a emmené dans une échoppe juste de l'autre côté de la gare portuaire  à l'agence VIAJES FLAVIO SL av. de la marina. Pressé de me trouver de l'autre côté du détroit, je n'ai pas cherché ailleurs, d'autant plus que l'agent derrière le comptoir était un compatriote avec son accent tangérois très prononcé. J'ai eu confiance. J'ai donc demandé mon billet de traversée pour 2 personnes et une voiture aller-retour, souhaitant partir par le plus prochain bateau pour Tanger Med. Pour le prix je m'étais renseigné, auparavant, sur Internet et je m'attendais à une fourchette, en raison de la basse saison, aux alentours de 200. Le proposé au comptoir m'annonce 220. Je fis semblant de ressortir il me retint en ramenant son prix à 180. Ce que j'ai accepté. Je lui ai tendu la carte visa et là il m'annonce "je vais faire mieux, ce sera 165 euros". Je ne fis pas de commentaire, tendis les passeports et la carte grise. L'heure de départ du bateau était pour 16heures par la compagnie INTERSHIPPING. Je ne pouvais espérer mieux. L'agent encaissa et me tendit les billets sans oublier de me demander de "glisser" la "pièce" au rabatteur qui attendait toujours devant l’échoppe. En vérifiant le billet j'ai constaté que l'heure était 16h30 et non 16h. J'avais encore une heure et demi devant moi pour les formalités. J'étais donc dans les temps. Je me suis dis qu'en démarrant à 16h30 ( 15h30, heure marocaine) je pouvais espérer être à Tanger Med pendant qu'il faisait jour et ainsi continuer sur Casa ou mon cousin m'attendait ou tout au moins prendre le temps de choisir mon hôtel à Asilah pour nous reposer pour la nuit. Mais mes calculs vont s'avérer tout faux.

A l'intérieur de la gare portuaire je fus dirigé vers le portique réservé à la compagnie INTERSHIPPING. J'étais le premier mais bientôt rejoint par d'autres voitures. Nous avons ainsi attendu jusqu'à 17h30. Entre-temps  nous avons eu droit à la visite d'un agent se présentant comme policier qui a commencé à inspecter le véhicule. Il a tout regardé : le n° de châssis, la carrosserie, le moteur etc... Une fois le contrôle terminé et n'ayant rien à faire il a rejoint d'autres collègues qui avaient choisi l'ombre pour se raconter des histoires, car il faisait chaud et le soleil était encore haut dans le ciel.

A 17h30, enfin un agent nous a demandé notre billet et a apposé le ticket d'embarquement sous l'essuie glace et nous a indiqué un numéro sur le quai. Nous étions enfin face à la mer. Amarrés au quai il y avait plusieurs ferries, dont le dernier à accoster était le "AMMAN" arborant un drapeau que j'avoue ne pas connaître et dont le port d'attache était Alexandrie. J'étais loin d'imaginer que c'est le rafiot à bord duquel j'allais faire la traversée. Il venait d'arriver et les passagers commençaient à peine à débarquer. Le débarquement a bien duré plus d'une demi heure. Après les voitures et les piétons ce fut au tour des remorques debarquées une à une par des tracteurs dans un va et vient sans arrêt. Ensuite nous assistâmes à un ballet inverse. Plusieurs remorques sans tracteur étaient embarquées successivement par des tracteurs du port. Avec une habileté extrême mais sans se presser les chauffeurs ont embarqué plusieurs remorques avant qu'un agent du quai nous fasse signe de monter à notre tour. Il était 18h00 quand nous avons commencé à embarquer. Il n'y avait qu'une trentaine de voitures et le commandant du navire devait espérer d'autres retardataires. L'ancre ne fut levée qu'à 18h50. Je n'avais d'autres choix que de me résigner. J'étais déçu mais ce n'était rien à côté de l'ambiance "poubelle" qui nous a accueillis. Quand je dis POUBELLE il n'y avait pas d'autre qualificatif : le sol était sale à l'image des vitres de la grande salle, des rideaux et des sièges crasseux et déchirés. Des lambeaux de tissus pendaient au bas desdits sièges laissant deviner qu'ils devaient contenir des gilets de sauvetage qui n’y sont plus. Les écriteaux étaient en arabe et en anglais, trois écrans de télé diffusaient un programme en arabe classique d'une chaîne du moyen orient et à un coin un espace prières. J'avais vu sur l'ensemble du port. Mon regard fut attiré par la présence accostés à d'autres quais de magnifiques bateaux arborant des noms oubliés : "COMANAV", "COMARIT" laissés à l'abandon et exposés ostentatoirement aux regards des voyageurs. Leur présence était pour rappeler les grands échecs du Maroc coupable d'avoir voulu s'introduire dans le milieu du transport maritime par la petite porte. Ces bateaux majestueux mais qui, bientôt, ne seront plus que des fantômes d'eux- mêmes, attaqués par la rouille sont là, visibles pour rappeler qu'il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir en oubliant qu'il faut les compétences nécessaires. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir un pincement en comparant ces magnifiques bâtiments avec l'ambiance crasseuse et insultante dans laquelle on ose transporter, ne fusse que pour deux heures, ceux qu'on a réussi à convaincre de venir rendre visite à notre pays magnifique. (dégoulinée d'urine au sol   WP_20141009_006.jpg

Le temps passé à voyager, attendre, etc... fait que j'ai éprouvé l'envie pressante. Après les formalités habituelles de police, par ailleurs sans problème, je suis parti en exploration cherchant des toilettes. De jeunes hôtesses sympathiques m'ont orienté et j'ai abouti à ce qui devait être considéré comme des WC. Mais je n'ai jamais réussi à en franchir la porte tellement le sol est inondé et l'air irrespirable. J'ai préféré continuer à me retenir.

Il faisait encore jour et nous avons ainsi pu observer de sympathiques dauphins dans un sympathique ballet nous accompagnant.

Une demi heure de navigation après le départ, retentit un appel assourdissant à la prière d'al Asr . (Ici je souhaite ouvrir une parenthèse pour donner mon avis sur la religion. Malgré l'appel personne ne s'est précipité à la "mosquée". D'abord du fait de la saleté environnante qui n'inspirait pas de fidèles. Ensuite parce que, à mon avis, l'appel est incongru. Je me suis souvenu, en effet, des premières notions de pratique religieuse. On m'avait enseigné que la prière était un des piliers de l'Islam. Certes !. On m'avait expliqué, aussi, la flexibilité qui n'oblige personne à accomplir ce devoir dans la rigueur. La prière ne se limite pas à accomplir une simple gestuelle "sportive" que l'on doit montrer. La prière est un moment de concentration spirituelle qui permet, quelle que soit sa religion, de maîtriser son propre corps et son âme.  On m'avait aussi enseigné que j'avais une liberté de conscience en ce qui concernait ma communion avec le Tout Puissant à Qui je serai amené à rendre compte je jour du jugement dernier. Appeler ainsi à la prière en plein milieu de la traversée du détroit dans une ambiance nauséabond, était à mon avis déplacé. Je me souviens aussi que les fidèles pouvaient cumuler toutes les prières de la journée pour les accomplir le soir).WP_20141009_004.jpg

Dans le bateau il y avait aussi des touristes et j'ai eu un sentiment que, quelque part, un complot se tramait contre le développement touristique du Maroc. Tout est fait pour donner une mauvaise image. Ce premier contact était vraiment décourageant. Comment un rafiot pareil, ne remplissant aucune condition ni d'hygiène ni de sécurité, peut être autorisé à transporter des êtres humains de tous bords mis en confiance par le seul fait de l'existence d'autorités de contrôle. Je me suis mis à imaginer qu'une avarie survienne. Car il n'y a pas qu'aux autres que ça arrive. L'actualité est là pour rappeler que même dans des pays technologiquement développés comme la Corée du Sud des drames peuvent se produire (300 morts dans un ferry qui a chaviré) Il n'y a aucune consigne de sécurité. Les centaines de personnes que le navire peut transporter sont en réel danger. Je ne sais même pas si les embarcations de secours fixées aux ponts sont opérationnelles ou si elles ont été vérifiées.

Bref, le premier contact avec mon pays était décevant. 

Nous avons eu de la chance et nous sommes arrivés à bon port à Tanger-Med.  L'heure d'accostage ne me permettait plus d'envisager de poursuivre mon voyage vers Casablanca, le soir même.

L'épreuve la plus désolante fut par la suite.

Les formalités de contrôle de police ont eu lieu à bord du bateau. Elle n'ont duré qu'un peu plus d'un quart d'heure. Mais arrivés au sol, la  trentaine de véhicules se sont transformés. Plus question de courtoisie, d'ordre ou de civilisation. Tout le monde voulait sortir le premier. J'ai, ainsi, assisté à un véritable gymkhana inutile car tout le monde s'est retrouvé au poste de douane ou aucune organisation n'était en place. J'ai assisté à un spectacle de passe-passe ou celui qui connaissait la qaïda était servi en premier et quittait le port en quelques minutes avec les vœux des agents bienveillant. Pour ce qui me concerne je ne connaissais pas les habitudes. En citoyen occidentalisé j'ai voulu faire la queue comme tout le monde, mais je vis des voitures déboîter de leurs files (il y  avait trois files d'une dizaine de véhicules, pas plus) et partir sans problèmes. Des touristes espagnols aussi indisciplinés que le reste, après avoir doublé tout le monde se sont retrouvés à attendre les derniers. Ils n'avaient rien compris, eux non plus. A ma hauteur, il y avait un compatriote de mon âge, environ, au volant d'une camionnette chargée à bloc d'affaires hétéroclites. Il eut droit à la visite d'un agent qui lui demanda les papiers du véhicule et son passeport. Je sentis que les problèmes allaient se corser pour lui car le véhicule n'était pas à son nom. L'homme souffrait d'un handicape car en descendant de sa camionnette il devait s'aider d'une canne pour marcher. Apparemment il n'était pas en règle et risquait tout simplement de reprendre le chemin du retour avec son chargement. Je n'ai pas su la suite parce que mon tour est arrivé d'être "grondé". Je ne devais pas attend, semble-t-il, il fallait remplir des formulaires que personne ne m'a communiqués et me présenter au guichet. L'agent m'explique alors qu'il faisait le travail pour moi. Il me remit les documents à remplir et me laissa. Le formulaire n'était pas simple pour tout le monde et était l'occasion, bien sûr, de faire appel à la main d'oeuvre extérieure moyennant rétribution. Pour ma part je refusais de me prêter à ce jeu qui était une forme maquillée de corruption. Après chaque intervention, l'agent portait sa main à la poche. Il n'y avait aucune discrétion ni crainte d'être épié. Le manège s'est poursuivi par la suite. Une fois le formulaire rendu et la carte grise récupérée, j'ai considéré que j'étais enfin libre après la visite de mon véhicule. J'ai démarré pour le présenter à la porte de sortie du port. Mais mon enthousiasme fut à nouveau anéanti. L'agent de douane à la sortie me réclamait la feuille verte. Je ne l'avais pas. Il fallait donc retourner au guichet ou l'on me fit comprendre que j'étais vraiment idiot. Les formalités n'étaient pas finies pour une histoire de passeport  "biométrique" français qui s'est présenté pour la première fois au Maroc puisque délivré cette même année, donc pas répertorié. Bref, après toutes ces péripéties j'ai reçu ma fameuse feuille verte toute surchargée et  suis reparti pour de bon cette fois-ci.

La nuit était tombée et je pris l'autoroute avec beaucoup de dépit car je n'allais rien voir des changements que le pays a connu. Et c'était dommage ! Mon souci suivant c'était le carburant. Sachant que le prix était plus avantageux au Maroc j'ai attendu la traversée pour faire le plein. Au bout de quelques kilomètres j'étais sauvé. Reste que j'espérais pour régler par carte bancaire parce que dans ma poche il n'y avait que des euros. L'heure tardive d'arrivée à Tanger-Med ne m'a pas permis de partir à la recherche d'un bureau de change. Mais je me faisais des soucis pour rien. J'ai eu l'impression que j'étais encore en Europe. Non seulement la carte bancaire était acceptée mais aussi les billets d'euro. Le préposé à la station a senti en moi le type perdu, naïf. Il a sauté sur l'occasion. Mais je ne m'en plaignais pas. J'achetais même une carte téléphonique qu'il se fit un plaisir de m'activer immédiatement pour que je puisse appeler ma famille à Casa immédiatement. Voyant que j'avais des billets il m'avertit que le péage d'autoroute (7 dirhams 50 cts d'euro) n'acceptait pas la carte et j'avais intérêt à faire le change chez lui. Je n'avais pas le choix. Bien sûr qu'il fallait m'attendre à y perdre mais c'était si peu ! à côté de la sensation de plaisir d'être au pays.

Après cet intermède, à nous la route ! Quel fierté de continuer à rouler dans les même conditions qu'en Europe. Mais avec beaucoup moins de circulation. Je me suis arrêté à Asilah comme prévu. Je gardais un très bon souvenir de cette petite bourgade et je voulais lui réserver ma première halte. D'abord parce que j'étais fatigué mais, surtout, sûr de trouver un bon hôtel abordable avec un stationnement sécurisé pour ma voiture pleine de souvenirs pour la famille. Je me suis arrêté au premier hôtel pour 400 dirhams la chambre avec règlement par carte bancaire sans problème. Il fallait prévoir 20 dirhams (moins de 2 euros) pour le gardien de nuit pour la voiture. Après prise de la chambre nous sommes partis, mon épouse et moi à la recherche d'un lieu pour nous restaurer pas très loin. La chambre avait vue sur l'océan par dessus les terrasses des maisons blanches. Nous l'avons constaté le lendemain au réveil.

Il n'y avait pas de temps à perdre. J'avais hâte de faire la route. Je voulais voir le pays. 13 ans de sevrage c'était beaucoup. Et comme il fallait faire à l'économie vu le budget limité j'avais envie de tout voir et tout de suite. J'avais déjà eu l'occasion d'emprunter le tronçon d'autoroute Larache-Casablanca. Mais c'était à une autre époque. Le Maroc s'est bien ancré à la société moderne. Bien sûr qu'il subsiste encore des manques. Ainsi tout le long du trajet j'ai vu, en souriant des fois mais me lamentant souvent, des anomalies comme des ouvriers agricoles qui faisaient le stop sur l'autoroute ou même des gendarmes sur la bande d'arrêt d'urgence au risque de leur vie. Mais il y avait aussi des poules qui picoraient tranquilles ou des ouvriers qui traversaient inconsciemment pour rejoindre soit leur douar soit leur champ après avoir pratiqué des trous dans les clôtures qui longent l'autoroute. (à suivre...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


21/11/2014
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