briceka

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voyage au Maroc 4

Les toilette publiques, autrement plus propres et fréquentables de la mosquée Moulay Youssef au quartier des Habous .toilettes mosquee.jpg

Le dernier lieu que je voulais voir était le marché de Bab Marrakech dans le centre ville. C'est l'ancienne médina ou j'avais l'habitude de faire mon marché tous les dimanches et qui avait la réputation de fraîcheur pour ses légumes et pour ses prix abordables.

Nous avons tenu, aussi à faire un tour sur la corniche. Là aussi aucune ressemblance avec le passé. Là ou se déversaient les égouts a été gagné par le remblai gagnant ainsi des dizaines de mètres vers l'océan pour rapprocher la route du rivage. Là aussi des chantiers de construction sans discontinuer : marina, chantier naval, résidences... La corniche elle-même semblait partir à l'infini pour rejoindre le mausolée de Sidi Abderrahmane totalement métamorphosé avec en face une immense construction : le grand mall. Un centre commercial gigantesque digne des plus grands d'Europe. Nous avons voulu y faire un tour et avons été sidérés d'y trouver tout ce qu'un centre commercial européen digne de ce nom pouvait abriter en matière de marque, de luxe et de divertissement. De quoi occuper tout une journée pour pouvoir tout visiter.  

Notre voyage se serait terminé sur cette note positive si la suite ne m'avait pas réservée des désagréments dont je me serais passés.

Après  Casablanca et sa circulation infernale, nous avons repris la route du retour vers l'Europe, avant d'arriver à Asilah j'ai pris le soin, profitant d'un arrêt sur une aire de repos de l'autoroute, de vérifier mon billet de bateau de retour. L'aire de repos abritait des baraques aménagées en bureau d'agence de voyage. Chaque agence représentait une compagnie maritime et accueillait un bureau avec la connexion informatique nécessaire. Ces aménagements sont destinés aux MRE. Je me suis donc adressé à l'enseigne de la compagnie INTERSHIPPING qui m'avait transporté à l'aller. Mais là, la surprise et la déception étaient grandes : je n'avais tout simplement pas de billet de retour. Disons le crûment : j'ai été victime d'une arnaque ! Crédule et naïf, je n'avais pas pris la peine de vérifier ce que l'agent m'avais remis à Algéciras. Je n'avais donc plus d'autres solutions que de repayer. Mais, l'expérience de l'aller aidant, pas question de reprendre la même compagnie et le même bateau-poubelle. J'ai opté donc pour BALEARIAS. Et ça tombait bien c'est celle dont le bateau partait en premier à 9h00 du matin, du moins  ce qui était prévu. Le billet me coûta 130e (j'avais payé 165e à Algéciras, sensé être pour un aller et retour). L'agent de la VIAJES FLAVIO SL a profité de ma crédulité et de ma naïveté pour me voler. J'ai été crédule et naïf face à un compatriote. Je n'aurais pas du. Promis je ferai plus attention la prochaine fois.

Tout au long du chemin du retour nous avons pu voir depuis l'autoroute l'avancement des travaux de construction de la future ligne de train à grande vitesse qui reliera bientôt Tanger à Rabat, puis Casablanca...etc. Nous avons ainsi, pu voir la réalisation de plusieurs ouvrages d'art en cours d'achèvement.

Je voulais m'arrêter, de nouveau à Asilah que j'avais appréciée treize années auparavant et ou nous nous sommes arrêtés la première nuit de notre arrivée. J'aurais du m'abstenir. Je n'ai pas retrouvé la petite ville qui a souvent bercé mes rêves. Le tourisme a corrompu cette petite ville si paisible qui a été rattrapée par l'appât du gain à tout prix. On ne peut plus arrêter sa voiture sans être harcelé par des opportunistes qui se déclarent "gardien" de parking. A la recherche d'un hôtel pour la nuit je suis tombé sur de véritables taudis ne méritant pas d'arborer l'enseigne pour attirer le touriste. Ou alors, certains hôtels, comme le Mansour affichant ostentatoirement le service "WIFI" sur la porte mais, une fois installés vous apprenez que le service dépend du restaurant à côté qui était fermé parce que le gérant est en voyage à Tanger. Qu'une fois celui-ci revenu il fallait payer 20 dh pour obtenir la clé d'activation de la connexion. Ou encore cet autre hôtel qui propose des chambres aménagées dans quelque chose qui devait servir de débarras avec pour fenêtres des meurtrières laissant passer juste un peu de lumière, toilettes et douches sur le palier en entresol, le tout pour 200dh la nuit.

J'ai été très déçu par ce que Asilah est devenu. A formater !

Le lendemain matin devant être de bonheur au port nous avons pris la route vers 7h00. Sur l'autoroute j'ai voulu profiter pour faire le plein une dernière fois et me suis arrêté à l'aire de Meloussa ou il y a une station SHELL, apparemment convenable. Là aussi j'ai été déçu. Une fois le plein fait, comme je n'avais plus de dirhams, je ne pouvais pas payer avec ma carte bancaire. Ça ne fonctionnait pas. La solution proposée par le gérant c'était de traverser (!) l'autoroute pour aller quelques centaines de mettre plus loin, à pied, pour payer à une compagnie concurrente. Quelle aberration ! Du jamais vu ! Heureusement il n'y en avait que pour l'équivalent de 20e et nous avions gardé quelques euros pour le chemin du retour. J'étais sauvé. Cela n'a pas été le cas d'un chauffeur de camion étranger, chargé de marchandise à l'export qui en a eu selon le gérant pour six cents euros et pas un centime de liquide. Il a bien été obligé d'utiliser la seule solution possible : traverser l'autoroute ! Mais mon dernier souvenir du voyage au pays allait être encore plus terni par un autre désagrément. Profitant de l'arrêt nous avons voulu faire un tour au toilettes. C'est en principe le rôle principal des aires de repos. Nous avons été accueillis par l'horreur : les cuvettes des WC étaient pleines de matières fécales et le lieu nauséabond. Les utilisateurs des lieux, ne pouvant se retenir ont du se soulager debout. Je n'ai pas pu me retenir d'exprimer mon mécontentement au gérant. Ce dernier, pour toute explication, m'a répondu qu'il n'y pouvait rien car la station manquait d'eau  à cause d'une rupture et il n'y avait aucune réserve de secours. C'était scandaleux car les usagers pris d'une envie pressante et ne pouvant se retenir ne trouvaient pas d'autres solutions. Même les lieux d'ablutions pour les fidèles étaient dans le même état. Je vous laisse imaginer le spectacle. Sur la porte vitrée de la station il y avait une grande affiche invitant les clients à exprimer leur satisfaction suite au service en se connectant au site de la compagnie Shell. Mais je n'ai jamais réussi à m'y exprimer, l'option de laisser un message n'étant pas offerte. Ça aussi : à formater !

En route pour le port. Il faisait jour donc j'ai pu admirer le paysage, nouveau pour moi, ce que je n'ai pu faire à l'arrivée dix jours plus tôt puisqu'il faisait nuit. Arrivés à destination les formalités étaient rapides. Comme à l'aller il y avait très peu de monde et donc quasiment pas d'attente pour l'enregistrement. A la douane, il y avait trois agents assis attendant le voyageur. A leur côté il y avait le "chien sniffeur" qui attendait lui aussi docilement. C'était un berger belge avec un minois sympathique qui, une fois le travail accompli, a attendu l'ordre de son maître pour retourner se reposer à sa place, apparemment ennuyé. C'était la première fois que j'assistais au "travail" d'un chien renifleur et je n'ai pu me retenir, en saluant les douaniers, avant de partir, d'adresser mes félicitations au chien par un "tbark lah 'lik a l'kelb", ce qui a fait sourire l'assistance.

Les formalités terminées nous avons, toutefois attendu longtemps avant de pouvoir embarquer. Nous avons assisté, ainsi, aux mêmes manèges qu'à l'aller : embarquement des remorques en premier. Le ferry est magnifique, propres et bien entretenu. Le départ était prévu pour 10h00 il n'a eu lieu qu'à 12h00. Il était 14h30 quand nous sommes arrivés à Algéciras (+ une heure de décalage avec l'Espagne). Après un long trajet à l'intérieur du port nous avons abouti au dernier point de contrôle pour entrer dans l'espace européen. A ce dernier point ou j'étais arrivé le premier des voyageurs j'ai présenté nos passeports qui ont été scannés. Tout était en règle. Le policier, seul, a voulu visiter l'intérieur de la voiture. A l'arrière entre les sièges j'avais ma glacière et une plante en pot. Mais le regard du "flic" n'a été attiré que par le bout  décoré en flammes marron d'un bâton de pèlerin, comme ceux utilisés effectivement par les pèlerins sur le chemin de Compostelle qui passent souvent dans ma région du Sud-ouest en France. Il tira sur ce bout muni d'une lanière en cuir et sortit le bâton. Il se tourna vers moi et me dit approximativement "es prohibido" puis mit le bâton contre la guérite. Je crus qu'il plaisantait. Alors sur le même ton je lui répondit que je n'y pouvais d'être âgé, que j'avais besoin d'un "troisième pied" pour marcher et je fis le geste de récupérer mon bien. Le "flic" changea alors de ton et sans me regarder me rappela qu'il était policier, que ceci était une arme qui peut tuer, que si j'insistais il m'infligeait une amende de 300 euros. J'étais abasourdi. L'agent était sérieux et ça risquait de me coûter la journée pour un bâton qui ne valait pas 10 euros mais dont la valeur était surtout sentimentale parce que c'était un cadeau pour mes 70 ans de mon fils qui l'avait acheté au retour d'une randonnée dans les Pyrénées. Je n'ai eu, donc, d'autre choix que de remettre le bâton convoité contre la guérite et pris les passeports que l'agent me tendait. Visiblement il était content car il venait d'hériter d'un joli bâton qu'il estimait mieux chez lui que dans ma voiture. La manivelle de mon cric était certainement une arme plus dangereuse que ce bâton de pèlerin décoré qui lui faisait envie. Je me suis, alors,  souvenu de la mésaventure vécue par un ami marchand ambulant dans le sud ouest de la France qui, lors de son retour d'un voyage au Maroc, s'est fait confisquer sans constat ni pièces justificatives dix bidons d'huile d'olives (50 l) et quatre cageots d'oranges. Mon ami a du poursuivre sa route la mort dans l'âme abandonnant la marchandise gratuitement à un flic espagnol qui avait toute l'autorité pour la confisquer à son propre profit. Je me suis dit que c'est peut-être le même flic... L'Homme avec une petite autorité a le même comportement partout dans le monde.

Ainsi s'achève mon récit sur un voyage qui n'a peut-être rien d'extraordinaire si ce n'est qu'il m'a permis de revoir un pays dont les images s'effaçaient de plus en plus à mesure que j'avançais dans l'âge.

 



22/12/2014
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